Monday, October 12, 2015

Aller au-delà du pardon !

Suivi de l’initiative Femmes Artisans de Paix dans le comté de Meru - Kenya 

 

 

L’équipe de Femmes Artisans de Paix a une fois de plus vécu un moment mémorable à l’occasion de sa rencontre avec les femmes du comté de Meru lors de la journée de suivi qui s’est tenue le 15 août dans les locaux de l’International Peace Initiative. La rencontre a réuni un groupe de 16 femmes, choisies au hasard dans quatre groupes différents ayant bénéficié de la formation Femmes Artisans de Paix entre 2011 et 2014.

Les femmes ont raconté comment cette formation avait transformé leur vie. Certains récits étaient particulièrement émouvants et surprenants.

Les femmes de l’un des groupes ayant bénéficié d’une formation en 2012 se sont engagées à devenir des ambassadeurs de paix dans leurs diverses communautés.

Au regard de cet engagement, elles ont formé un groupe qui se rendait dans les églises, les places de marché, les barazas (réunions de chefs locaux) et qui même allait de village en village pour parler de la paix. Comme elles continuaient d’approcher de nouvelles personnes dans la communauté, des agents de la microfinance les ont remarquées et leur ont proposé de les former au système de prêt dit ‘table banking’ et en d’autres domaines de la gestion des affaires. Plus tard, elles ont obtenus des prêts et se sont lancées dans de petites entreprises qui constituent désormais leur source de revenus.

L’histoire de Charity, une dame de 33 ans, peut choquer mais Charity est heureuse de la transformation à laquelle elle a abouti. Elle a eu le courage de pardonner à son beau-frère qui avait tué son mari à la suite d’une dispute qui avait mal tournée. « Et comme s’il ne suffisait pas que mon mari soit tué, mon beau-frère ne s’est pas arrêté là et m’a cassé la mâchoire, et il m’a fallu passer trois mois douloureux à l’hôpital national Kenyatta pour me remettre, a-t-elle dit. Une fois sortie de l’hôpital et revenue chez moi, j’ai appris que mon beau-frère avait été arrêté. J’ai visité la cellule où il était en détention provisoire, à l’encontre du souhait de tous, et demandé à la police de le relâcher parce que je lui avais déjà pardonné et que je ne portais aucune accusation contre lui. » a-t-elle poursuivi.

Elle a raconté combien tous étaient choqués par son acte mais elle est heureuse parce que son beau-frère, qui était lui aussi choqué par son pardon, a été transformé. En raison du courage dont elle a fait preuve en faisant l’impensable et de tout ce qu’elle fait pour créer la paix dans sa communauté, elle a gagné le respect des villageois, qui l’appellent maintenant Mama Amani, « Mère de la paix ». Cette histoire choque et fait surgir différentes questions et émotions mais il s’agit de son expérience à elle et de sa décision réfléchie.

A ce stade, il est important d’expliquer qu’au cours de la formation Femmes Artisans de Paix, nous encourageons de fait les femmes à pardonner ne fut-ce que pour leur propre liberté intérieure. MAIS nous disons clairement que pardonner n’équivaut pas à ne pas mettre en question ce qui est mal. Ce qui est mal ne peut être disculpé, il faut y remédier.

Sabina a raconté comment la colère et la frustration l’amenaient à jeter aux chiens le morceau de viande que son mari rapportait très tardivement à la maison alors qu’il était ivre. Toutefois, elle dit que la formation Femmes Artisans de Paix lui a appris comment réagir et aborder les problèmes de manière bienveillante.

Elle confirme que depuis lors, le comportement de son mari s’améliore de jour en jour. Pour elle, « tout est dans l’attitude qu’on adopte ». Elle rajoute : « Quand j’ai modifié l’attitude négative que j’adoptais envers mon mari et commencé à préparer la viande pour les enfants au lieu de la lancer aux chiens, et après avoir parlé avec lui quand il était sobre de l’heure tardive à laquelle il rentrait à la maison, tout a commencé à changer. »

Les femmes étaient ravies et ont fait remarquer que Femmes Artisans de Paix était le premier programme qui revenait vérifier leur progrès suite à la formation qui leur avait été dispensée.

Rapport de Esthermarrie Inzekellah & Annastacia Munene

Traduction par Camille de Stoop